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Un programme unique qui touche tout le monde : Techniques de thanatologie

Par Marie Lacoursière et Alain Lallier

Le Collège de Rosemont est à ce jour le seul cégep public à offrir le programme de Techniques de thanatologie menant à un diplôme d’études collégiales. Puisque toute personne fera un jour ou l’autre appel aux services d’un ou d’une thanatologue, il est pertinent de voir comment se déroule la formation qui donne accès à cette profession unique.

Madame Sophie Benoit, enseignante et coordonnatrice du programme, a accepté de nous en parler.

Un programme aux disciplines multiples
Une des grandes caractéristiques du programme est sans doute le nombre important de disciplines différentes qui le compose. Cette grande diversité reflète la variété des tâches à accomplir par les thanatologues dans l’exercice de leur profession. Le diplômé doit être très polyvalent et apte à réaliser des tâches exigeant des habiletés multiples. « Si les étudiants aiment les sciences, alors les cours de chimie, de biologie et de physique les combleront. S’ils sont intéressés par les relations humaines, les cours de psychologie et de techniques administratives vont le captiver. Tous les étudiants y trouvent leur compte et cela contribue à rendre le programme attrayant », explique Sophie Benoit, coordonnatrice du programme.

Les principales compétences à développer
Le programme Techniques de thanatologie compte 17 compétences différentes et deux grands axes parallèles de formation: un premier sur les services funéraires et un second relatif aux compétences de conservation et de présentations des personnes décédées ainsi qu’à leur manipulation. « Dans l’axe des services funéraires, le profil de sortie du programme prévoit que le diplômé sera en mesure de planifier des funérailles avec les familles en deuil, d’organiser et de diriger des rituels. Dans l’axe de la préparation des personnes décédées, les diplômés doivent être en mesure d’accomplir des thanatopraxies (embaumement). Dans les compétences initiales, les étudiants abordent l’utilisation des textes de loi relatifs à la profession, exploitent des principes de chimie et de physique, etc.  Le thanatologue qui désire pratiquer la thanatopraxie doit détenir un permis de thanatopraxie délivré par le ministère de la Santé et des Services sociaux. »

Embaumé ou non ?
Lors du décès, de plus en plus de personnes choisissent l’incinération sans embaumement préalable. Cette option est privilégiée par75 % de la clientèle. Au cours des dernières années, la Corporation des thanatologues du Québec a pu noter une tendance accélérée de cette orientation. Le pourcentage peut varier selon les régions et les entreprises. Pour procéder aux rituels d’adieu, les urnes remplacent de plus en plus les cercueils.

Le profil des étudiants
L’âge moyen des diplômés du programme est d’environ 25 ans. De ce nombre, plus de la moitié d’entre eux avait lors de l’admission un vécu collégial comparativement à ceux provenant directement du secondaire. 83 % de la population étudiante de ce programme est féminine. Le Collège reçoit annuellement de 80 à 100 demandes d’admission et admet entre 50 et 60 candidatures. Sur les trois années du programme, ce sont quelque 100 à 110 étudiants qui suivent les cours. Le taux de placement des diplômés était de 100 % en 2020.

Des stages en grand nombre
Le programme prévoit quatre stages qui occupent presque la totalité de la dernière année de la formation : au cours de leur cinquième session, les étudiants réaliseront 24 heures de stages en entreprise par semaine, et ce nombre s’élève à 27 heures par semaine à la sixième session.

Plus du tiers de la formation spécifique se déroule sous forme de stages. « On a beau avoir un laboratoire de thanatopraxie au collège, où les étudiants pratiquent sur de vraies dépouilles, nous demeurons toujours dans la contrainte de la durée d’un cours. Nous ne sommes pas dans un contexte de thanatopraxie complète et complexe. Pour l’axe des services funéraires, nous avons des locaux de simulation, mais nous n’avons pas de vrais clients. L’apprentissage dans de vraies maisons funéraires, où l’étudiant peut accompagner des professionnels en action, demeure de première importance, ajoute madame Benoit.

La pandémie a-t-elle un impact sur la pratique ?
Au début de la pandémie, le nombre élevé de décès s’est traduit par un engorgement des entreprises funéraires. La prolifération des virus change-t-elle la manière de former les futurs thanatologues ? Pas vraiment, explique la coordonnatrice du programme. « La formation prévoit déjà une compétence sur la santé et la sécurité au travail, traitée dans les cours de microbiologie et certains cours de thanatopraxie traitant des maladies respiratoires contagieuses de manière à adopter les bonnes mesures de prévention. Cela faisait déjà partie des enseignements offerts. Par contre, les maisons funéraires ont dû se conformer aux directives de la Santé publique, donc mobiliser les compétences de base pour pouvoir appliquer de façon rigoureuse ces directives. »

Faire don de son corps
Sur son site Web, le Collège de Rosemont invite la population à faire don de son corps pour fins d’enseignement. Beaucoup de gens s’informent à ce sujet et demandent de la documentation. Chaque trimestre, le Département de thanatologie reçoit des offres de dons. Selon ses capacités d’accueil et ses besoins pour l’enseignement, il peut accepter des défunts. En moyenne, le collège accepte une vingtaine de dons par trimestre.

Pour compléter ce tour d’horizon
Une foule de renseignements supplémentaires sont disponibles sur le site Internet du Collège (crosemont.qc.ca) et sur la page du programme : il est notamment possible d’y découvrir des témoignages d’étudiants, des vidéos, une visite virtuelle des installations, des articles et une présentation de l’équipe enseignante.






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