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Ces femmes qui animent le réseau collégial - Assistons-nous à la féminisation du réseau collégial ?

Le Portail a demandé à Fanny Kingsbury (AQPC), Nicole Perreault (REPTIC), Caroline Villeneuve (Profweb) et Caroline Senneville (FNEEQ-CSN) si elles avaient l’impression que le réseau collégial se féminisait de plus en plus. Fanny Kingsbury nous fournit des données probantes en réponse à cette question. Du côté des étudiants, les filles représentent 58 % de la population qui fréquente les collèges tant au secteur régulier qu’en formation continue. Les femmes représentent 56 % du personnel des cégeps, 60 % des employés de soutien, 53 % du personnel enseignant, 70 % du personnel professionnel et 50 % des gestionnaires. La progression est significative au fil des ans. Mais, il existe encore un plafond de verre et des zones grises.

Réponse de Fanny Kingsbury, directrice générale de l’AQPC:

« Si je me fie aux données que j’ai pu trouver, il y a en effet une forte proportion de femmes, tant chez les étudiantes que chez le personnel, et une progression assez nette, dans les cégeps, de la proportion de femmes enseignant, occupant des fonctions professionnelles ainsi que de gestion :

• En 2012, 58 % des étudiants du réseau collégial, au secteur régulier, étaient en fait des étudiantes (MEESR, 2015 : 27), alors que les filles constituaient 59,6 % de l’effectif étudiant à la formation continue (MEESR, 2015 : 28), pour un total de 58,2 % de filles étudiant dans le réseau collégial;

• Les femmes constituaient, en 1987, 43 % de l’ensemble du personnel des cégeps (Houle-Ouellet, 1992 : 6), puis 54 % en 2008-2009, puis 56,3 % en 2012-2013 (MEESR, 2015 : 81);

• Les femmes représentaient, en 2008-2009, 60 % des employés de soutien de l’ensemble des cégeps, puis 60,1 % en 2012-2013 (MEESR, 2015 : 81); 
• En 1981-1982, 35,1 % des enseignants au collégial étaient des femmes (Conseil supérieur de l’éducation, 1984 : 13), alors qu’elles constituaient 43,2 % du personnel enseignant des cégeps en 1996-1997, puis 48,1 % en 2001-2002 (St-Pierre, 2005 : 23) puis 50,7 % en 2008-2009, puis 53,4 % en 2012-2013 (MEESR, 2015 : 81);

• La proportion de professionnelles dans les cégeps est passée de 47,9 % en 1997-1998 à 56,3 % en 2001-2002 (St-Pierre, 2005 : 22), puis à 64,2 % en 2008-2009, puis à 70,5 % en 2012-2013 (MEESR, 2015 : 81)

• La proportion de femmes gestionnaires dans le réseau collégial est passée de 7,5 % en 1981-1982 (Conseil supérieur de l’éducation, 1984 : 16), à 15 % en 1985, à 43 % en 2005 (Lavoie, 2006), puis à 50,1 % en 2011, si l’on considère seulement les membres de l’Association des cadres des collèges du Québec (ACCQ, 2011 : VXII). En 2008-2009, les femmes constituaient 44,5 % de l’ensemble des gestionnaires des cégeps, alors qu’elles représentaient 49,6 % des gestionnaires des cégeps en 2012-2013 (MEESR, 2015 : 81).

Tout un chemin parcouru
Chose certaine, nous sommes de plus en plus loin d’une époque au cours de laquelle tout était à faire concernant notamment les droits parentaux, l’égalité en emploi et l’équité salariale : quel chemin parcouru depuis les années où ma mère et mes tantes étaient enseignantes (oui, le métier court dans la famille, et des deux côtés...) !

Plusieurs organismes du réseau collégial sont dirigés par des femmes.
Je note par ailleurs que plusieurs organismes du réseau collégial sont dirigés par des femmes. C’est notamment le cas de l’Association pour la recherche au collégial (ARC), de l’Association pour les applications pédagogiques de l’ordinateur au postsecondaire (APOP), de l’Association québécoise de pédagogie collégiale (AQPC), du Carrefour de la réussite au collégial, du Centre collégial de développement de matériel didactique (CCDMD), du Centre de documentation collégiale (CDC), de Profweb, du Réseau des répondantes et des répondants TIC (REPTIC). Et la ministre de l’Enseignement supérieur est aussi une femme.

Malgré les acquis, un plafond de verre ?
Est-ce que nous pouvons pour autant affirmer qu’il y a une féminisation du réseau collégial ? Je ne sais pas. Pour ma part, j’ai tendance à ne pas considérer du tout le genre d’une personne, puisque je m’inscris dans une logique d’égalité. Je suis féministe au sens où je suis humaniste : il est tout simplement inconcevable pour moi que les femmes n’aient pas les mêmes droits, les mêmes libertés et les mêmes possibilités que les hommes, tout comme il est tout simplement inconcevable pour moi que l’orientation sexuelle ou l’origine ou la culture ou les caractéristiques d’une personne ne lui donnent pas les mêmes droits, libertés et possibilités qu’aux autres. Cela ne veut toutefois pas dire que tout est gagné, que tous les acquis sont coulés dans le béton. Bien que je n’aie jamais senti de sexisme ou d’impossibilités pour les femmes dans le réseau collégial, un texte fort intéressant signé par Ève Lavoie en 2006 m’incite à penser que s’il y avait un plafond de verre à cette époque, il pourrait y avoir encore aujourd’hui une forme de plafond de verre, même dans un réseau collégial réputé ouvert : Mme Lavoie parle notamment d’un surinvestissement de la part de femmes dans leur travail, de la pas toujours évidente conciliation travail-famille, de la recherche de formes de leadership qui ne soient pas perçues comme “typiquement” féminines ou masculines, etc. »

Références
Association des cadres des collèges du Québec, avec la collaboration spéciale de Mélanie Cormier, Marcel Côté, Natacha Giroux, Ève Lavoie et Jean Perron. (2011). Les cégeps : 40 ans... et après?. Québec : Presses de l’Université Laval.
Conseil supérieur de l’éducation. (1984). La situation des femmes dans le système d’enseignement : une double perspective. Avis au ministre de l’Éducation, Gouvernement du Québec, 41 p.

 

Réponse de Nicole Perreault (REPTIC)

Des valeurs (partage, ouverture à l’autre) qui sont appelées à se répandre avec la multiplication des communautés de pratique

D’un point de vue quantitatif, je ne sais pas si le nombre de femmes a augmenté dans le réseau collégial ou si elles y sont plus actives. Par ailleurs, même si le terme “féminisation d’une profession” peut parfois comporter une connotation péjorative (diminution du prestige de la profession), reste que les attitudes et valeurs qu’il peut véhiculer (partage, ouverture à l’autre) sont appelées à se répandre avec la multiplication des communautés de pratique que j’observe autour de moi. Actuellement, celles-ci sont toutes sous la responsabilité… d’une femme ! (REBICQ, REPTIC, RIIPSO, Carrefour de la réussite, REPFRAN, etc.). Fascinant, n’est-ce pas ?

Réponse de Caroline Villeneuve (Profweb) :

« Je peux parler de notre lectorat où nous retrouvons environ 60 % de femmes comparativement 40 % d’hommes, enseignants et autres intervenants pédagogiques. Pour les contributeurs, nous ne notons pas de différences hommes-femmes ».
Je n’ai pas nécessairement une vision macro et historique de la situation et je ne m’aventurerais pas trop au risque de me tromper. Je peux parler de notre lectorat où nous retrouvons une proportion d’environ 60 % de femmes comparativement à  40 % d’hommes, enseignants et autres intervenants pédagogiques. Ces données doivent par la suite être mises en relation avec celles du réseau. Or, les proportions H-F sont différentes selon les groupes considérés (enseignants/autres intervenants). Pour ce qui est des contributeurs de Profweb, nous ne notons pas de différence hommes-femmes. 

La réponse de Caroline Senneville (FNEEQ-CSN)

« Depuis leur création, il y a une nette féminisation du milieu de l’enseignement collégial, cependant…».

« Qu’une femme se retrouve à la tête d’une organisation syndicale comme la FNEEQ aurait été impensable il y a cinquante ans. C’était un milieu fortement dominé par les hommes.  C’était la même situation dans les cégeps. Mais heureusement, depuis leur création, il y a une nette féminisation du milieu de l’enseignement collégial. On retrouve cependant, encore de nos jours, des départements très sexués. Les soins infirmiers et la mécanique du bâtiment en sont de bons exemples. Les gains effectués en informatique s’égrainent. De toute évidence, les différents programmes d’accès à l’égalité conservent en 2017 leur pertinence. La tenue de la Journée internationale des femmes aussi. »

Dossier préparé par Marie Lacoursière et Alain Lallier édimestres au Portail du Réseau Collégial du Québec






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