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Défendre le français sans nuire à Dawson

Éditorial de La Presse - Nathalie Collard

NATHALIE COLLARD
LA PRESSE

8 février 2022 - La décision du gouvernement Legault d'annuler la subvention de 100 millions prévue pour l'agrandissement du collège Dawson relève-t-elle de la planification financière ou de la partisanerie ? On est en droit de se poser la question.

Dawson a un déficit d'espace de 11 200 mètres carrés et souhaitait agrandir son campus pour que ses étudiants ne soient plus tassés comme des sardines. La semaine dernière, la ministre de l'Enseignement supérieur, Danielle McCann, a annoncé à la direction du cégep anglophone du centre-ville de Montréal que le gouvernement ne lui verserait pas la somme qu'elle lui avait pourtant promise pour financer ses travaux d'agrandissement.

Le premier ministre Legault, qui a pris la mauvaise habitude de revenir sur sa parole depuis quelques mois, a justifié sa décision en expliquant qu'il voulait prioriser les cégeps francophones.

C'est très bien de vouloir investir dans les cégeps francophones, ils en ont bien besoin. Mais pourquoi le faire au détriment du collège Dawson et de la communauté anglophone ? Pourquoi ne pas financer les deux ? Manque-t-il à ce point d'argent dans les coffres de l'État qu'il faille créer des étudiants de seconde zone ?

À huit mois des élections, on a vite compris que les pressions du Parti québécois et le peu d'intérêt des caquistes pour les électeurs anglophones et allophones avaient probablement pesé dans la balance.

François Legault aurait-il oublié que, lorsqu'on est élu, on devient le premier ministre de tous les Québécois, pas seulement de ceux qui ont voté pour notre parti et qui pensent comme nous ?

Si on fait exception des étudiants anglophones de souche (qui ont jusqu'à nouvel ordre les mêmes droits que les francophones au Québec), le collège Dawson est fréquenté par deux autres clientèles : les francophones qui souhaitent devenir bilingues et les allophones qui choisissent d'étudier en anglais, parmi lesquels on retrouve des étudiants étrangers qui ne parlent pas un mot de français et qui deviendront peut-être résidents permanents.

C'est auprès de ces deux groupes que M. Legault doit agir.

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