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Un appel, c'est différent

Article publié par La Presse - PATRICK LAGACÉ

J'ai un souvenir impérissable de mes deux années de cégep. Deux mots : la « vie étudiante », faite de rencontres impromptues et d'activités parascolaires. Dans mon cas : le soccer et le journal scolaire, surtout. Mille façons de s'impliquer et d'apprendre.

La vie étudiante du cégep, c'est comme une initiation à la vie tout court.

Mais la vie étudiante, c'est aussi tous ces services aux étudiants, en marge des cours. Un soutien pédagogique, informatique, psychologique, même, qui est là, bien visible : chaque service a son local, ses affiches, ses ambassadeurs à l'intérieur des murs du cégep…

C'est le technicien en loisirs, c'est la coach de l'équipe de basket, c'est le prof d'histoire qui disent aux jeunes qu'il y a telle ressource pour tel problème : « Tiens, va à ce local-là, ils vont t'aider. Oh, et puis, attends, je vais y aller avec toi… »

Un cégep, c'est un village. C'est plus que juste des cours de chimie, d'arpentage et de littérature.

Mais comment joindre les jeunes, s'ils ne sont plus à l'intérieur des murs du cégep, en cette ère de non-présentiel ?

Plusieurs cégeps ont répondu à cette question bien moderne à leur façon. Au cégep Lionel-Groulx, la réponse a été : par téléphone !

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Julie Royer, Sylvie Comeau, Michel Louis Beauchamp, Valentin Chevrier, Laura Fortier et des dizaines d'autres employés du cégep Lionel-Groulx ont pris le téléphone pour voir comment se portaient les étudiants à distance.

Oui, en cette ère de textos, de DM et de stories Instagram, une soixantaine d'employés du cégep situé à Sainte-Thérèse ont utilisé le bon vieux téléphone pour entrer en contact avec les jeunes, avec « leurs » jeunes. Plus de 67 employés ont fait un blitz d'appels pendant trois semaines : 3400 étudiants ont été joints.

Sylvie Comeau, technicienne en documentation, a senti que les jeunes avaient besoin de parler. Pas besoin de poser beaucoup de questions, ils s'ouvraient rapidement…

« Combien d'appels, Sylvie ?

- Cent quarante-cinq !

- Cent quarante-cinq ?!

- Oui, je me suis dit : je travaille de la maison. Le temps que je mettais à aller au collège et à en revenir, je vais le consacrer à faire des appels… »

Au collège, dit Mme Comeau, elle-même ancienne étudiante « à Lionel », les étudiants sont en contact de mille façons avec le personnel, qui peut les orienter vers plein de services pour les aider : « Mais comme ils ne sont pas ici, au Collège, ils ne nous voient pas. Ils ne savent pas qu'il y a des services pour les aider… »

C'est l'Escouade COVID-19 du cégep qui a eu l'idée d'un groupe d'employés qui pourrait appeler les jeunes. En trois semaines, plus de 3400 étudiants ont été joints, plus de la moitié de la population étudiante. Laura Fortier, coordonnatrice à la vie étudiante, a appelé une vingtaine d'étudiants : « Ce que j'ai appris ? Ils sont résilients ! Et ils avaient besoin de parler. On s'attendait à ce que les réponses des jeunes soient monosyllabiques, mais non… »

Les volontaires de Lionel-Groulx ont reçu une petite formation sur deux axes. Un, savoir reconnaître la détresse chez les étudiants au bout du fil. Deux, savoir les orienter vers les nombreux services d'appui psychologique, pédagogique, technique et informatique du Collège.

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