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Le racisme malgré l'amour au coeur de la pièce Chokola, de Phara Thibault

Article publié par Ici.Radio-Canada -



Phara Thibault est la gagnante du concours d'écriture dramatique l'Égrégore en 2021.

PHOTO : PHANIE ÉTHIER

23 janvier 2021 - « Le racisme est tellement partout qu'il peut se retrouver même là où il y a de l'amour. » C'est ce que raconte Phara Thibault dans sa pièce Chokola, qui a lui a permis de remporter jeudi le 26e Concours intercollégial d'écriture dramatique l'Égrégore.

Étudiante de deuxième année en interprétation théâtrale au Cégep de Saint-Hyacinthe, Phara Thibault a été adoptée et élevée par des parents blancs au Québec.

Je dirais que je suis d'abord et avant tout une dépaysée. Même si j'ai quitté Haïti il y a plusieurs années, j'attends toujours qu'on me souhaite sincèrement la bienvenue, je crois, a-t-elle écrit dans le mot d'autrice accompagnant Chokola.

Dans ce texte introspectif, elle met des mots sur la forme de racisme systémique qu'elle a vécue lors de son enfance, malgré l'amour de sa famille.


Il y a eu énormément, énormément d'amour, a-t-elle expliqué à Catherine Richer, chroniqueuse culturelle à l'émission Le 15-18. Mes parents ont été élevés dans un système blanc, puis le système est empreint de racisme. Ils n'avaient pas nécessairement les informations pour me protéger du racisme.

Plus jeune, Phara Thibault priait pour devenir blanche. Ce n'est que récemment qu'elle a appris à aimer la couleur de sa peau et à en être fière.

Une pulsion créatrice
Cette étudiante a d'abord écrit Chokola comme un poème, après avoir pris part aux manifestations du mouvement Black Lives Matter l'an dernier.

"C'est en marchant que j'ai réalisé beaucoup de choses sur mon existence, comment le racisme avait affecté mon enfance. Même si [à l'époque] je ne savais pas nécessairement ce qu'était le racisme, je le ressentais quand même."

Phara Thibault, étudiante et autrice
Un jour, elle a soudainement su comment théâtraliser ce poème. J'ai écrit cette pièce en deux jours, a-t-elle expliqué. La pièce était écrite dans ma tête, je n'avais pas besoin de réfléchir.

Les écrits étaient en moi depuis toujours. Ils attendaient juste d'être enfin couchés sur papier.

Jouer sans entretenir de stéréotypes
À l'avenir, la future comédienne ambitionne d'écrire ses propres rôles pour sortir des clichés redondants montrés à la télévision québécoise.

Je veux être représentée de la manière dont je veux être représentée, et non seulement être cantonnée à jouer le rôle de la femme prostituée, droguée ou esclave, qui sont souvent des stéréotypes très associés aux personnes noires.

En attendant, sa pièce Chokola sera présentée virtuellement au mois d'avril par le festival Jamais lu. Elle sera également publiée aux Éditions Fides.