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Inquiétudes dans les cégeps et les universités en région

Article publié par Le Devoir

Le Cégep de Jonquière attire chaque année quelques dizaines d’étudiants originaires de l’île de la Réunion.
Photo: Annik MH de Carufel Le Devoir

Stéphane Baillargeon et Isabelle Porter

7 novembre 2019 - La réforme du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) a des répercussions notables en région, où les étudiants étrangers jouent un rôle vital dans la vie des cégeps et universités. Le Cégep de Matane pense même devoir abolir des postes d’enseignant si la réforme va de l’avant.

« On parle de six ou sept profs », a expliqué en matinée le président du syndicat, Yannick Mallouin. « S’il y a des programmes qui ferment, c’est des profs qui pourraient perdre leur emploi », a-t-il dit.

Le syndicat craint surtout pour ses enseignants en photographie, en tourisme et en animation 3D, disciplines où 60 % des élèves viennent de l’étranger. À l’échelle du cégep, 45 % des étudiants viennent d’ailleurs.

Questionné plus tard à ce sujet, le directeur du cégep, Pierre Bédard, a soutenu que cette crainte n’est pas exagérée. « Je tiens à préciser que les taux de placement sont très, très élevés dans ces programmes. Ils avoisinent les 100 % et ils ne font pas partie de la liste », dit-il.

Même en photographie ? « Oui. […] Le gouvernement a une vision très étroite. Un finissant d’aujourd’hui est beaucoup plus polyvalent qu’avant. » M. Bédard donne notamment l’exemple de deux finissants étrangers en photo qui travaillent l’un pour un hebdo local comme photographe et l’autre comme caméraman pour une station de télévision.

À Saint-Félicien aussi, on est sur le qui-vive. « 25 % de notre clientèle vient de l’international », signale la directrice du cégep, Sylvie Prescott. Cette dernière s’inquiète notamment pour la technique en transformation des produits forestiers, où 50 % des étudiants sont étrangers.

    J’ai croisé un étudiant, hier, qui voulait changer de programme à cause de ça. Pour eux, c’est un projet de vie. Souvent, ça comprend une suite.
    — Dany Bouchard

 

« Les gens d’affaires étaient tellement heureux que je relance le programme après neuf ans l’an dernier. Et là, je vais avoir énormément de difficulté à recruter des gens, en France notamment. Je risque de ne plus pouvoir l’offrir. »

Certes, les étudiants étrangers n’ont pas tous l’intention de rester au Québec. À Saint-Félicien, une analyse des parcours des finissants depuis 2007 a révélé que « près d’un étudiant sur deux » s’établit dans la région.

Il y a aussi des cas particuliers. Les étudiants de la Nouvelle-Calédonie qui viennent étudier en Abitibi-Témiscamingue, par exemple, viennent au Québec dans le cadre d’un partenariat visant à compenser l’absence d’établissement collégial chez eux. La plupart souhaitent y retourner après.

Or, au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, on aurait voulu voir les techniques en travail social, en foresterie et en comptabilité de gestion figurer dans la liste des programmes admissibles au PEQ. « L’hiver dernier, 20 % des demandes d’admission des étudiants étrangers étaient pour l’un de ces trois programmes, fait valoir le porte-parole, Dany Bouchard. L’automne dernier, ça a monté à 28 %. »

« Le PEQ a toujours été là. La question est de savoir dans quelle mesure son absence va leur faire réévaluer leur choix de formation, dit-il. J’ai croisé un étudiant, hier, qui voulait changer de programme à cause de ça. Pour eux, c’est un projet de vie. Souvent ça comprend une suite. »

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