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«Les chars meurent aussi»: l’année des premières



Photo: François Couture -  Marie-Renée Lavoie met en lumière un Québec généreux, qui connaît ses limites mais qui refuse d’y faire prospérer sa colère.

Le Devoir - Dominic Tardif
Collaborateur
17 novembre 2018
Critique

Il suffit d’un roman bourré de lieux communs et de phrases toutes faites pour que nous nous engagions à maudire pour toujours ces écritures prétendant offrir au monde un miroir fidèle.

Et il suffit pourtant d’un livre comme Les chars meurent aussi,de Marie-Renée Lavoie, pour se laisser à nouveau avoir par la belle et mystifiante imposture d’un roman réaliste rempli de personnages qui réchauffent le cœur grâce à leurs manies et à leurs inquiétudes si familièrement singulières.

1993. Laurie, 19 ans, étudie au cégep, prend soin de Cindy, une gamine du quartier laissée à elle-même, et travaille dans un restaurant italien en carton-pâte sur le boulevard Hamel. Sa mère gagne sa vie comme surveillante d’une guérite de stationnement, son père comme garagiste. Elle est cette typique enfant de la classe moyenne vouée à des études universitaires et à une vie différente de celle de ses parents, qui s’en réjouissent.

Une langue gracieuse
Les quelques mois que raconte le quatrième roman de l’auteure d’Autopsie d’une femme plate sont donc ceux de plusieurs premières : premier amour, premier deuil et première voiture, une Poney orange menaçant sans cesse d’avoir roulé son dernier kilomètre. Ils sont aussi ceux de l’apprentissage d’un monde où l’idiotie de l’injustice résiste même après qu’on l’a pointé du doigt et où l’amour angoisse au moins autant qu’il permet de s’épanouir.

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