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Même légal, le cannabis demeure « dangereux », rappellent les cégeps

Article publié par Ici.Radio-Canada -
Un texte de Louis Gagné

21 août 2018 - Des milliers d'étudiants ont repris le chemin des classes lundi à Québec, alors que les cégeps de Sainte-Foy et de Limoilou amorcent leur session d'automne. Cette rentrée scolaire revêt une importance particulière puisqu'elle survient à quelques semaines seulement de la légalisation du cannabis.

La directrice des affaires étudiantes et des communications du Cégep de Sainte-Foy, Claude Boutin, reconnaît que la légalisation représente un défi. Elle affirme toutefois que l’établissement dispose de toutes les ressources nécessaires pour y faire face.

« On est prêts. On a une équipe de psychologues, de travailleurs sociaux, de travailleurs communautaires qui sont là toute l’année, qui soutiennent la communauté et qui seront vigilants pour l’automne avec nos étudiants », explique-t-elle.

Le Cégep de Sainte-Foy, qui a adopté une politique sans fumée, lancera au cours de l’automne une campagne de sensibilisation à laquelle contribueront les étudiants en graphisme.

Légal ou pas, point de vente près ou pas, on agit sur cet enjeu-là depuis toujours.
Claude Boutin, directrice des affaires étudiantes et des communications, Cégep de Sainte-Foy

Le campus de Québec du Cégep de Limoilou Photo : Radio-Canada

Le Cégep Limoilou va lui aussi interdire la consommation de tabac ou de cannabis sur l'ensemble de ses campus d'ici un an.

Il est extrêmement rare de voir des étudiants intoxiqués par la drogue ou l'alcool, insiste la direction qui ne voit pas ce que la légalisation va y changer.

« L'alcool est légal et on n'a pas eu à gérer ça vraiment dans les dernières années, donc on ne s'attend pas à ce que ce soit différent pour la consommation de drogue. », indique la directrice générale du Cégep, Chantal Arbour.



Chantal Arbour, directrice générale du Cégep de Limoilou Photo : Radio-Canada/Carl Marchand

"C'est tolérance zéro. Tout étudiant qui se présente au collège et qui est intoxiqué va se voir refuser l'accès et pourrait aussi se faire expulser de la classe en cas de problèmes."
Chantal Arbour, directrice générale, Cégep Limoilou

Produit « dangereux »
À l’instar du Cégep de Sainte-Foy, la Fédération des cégeps fera de la sensibilisation auprès des étudiants afin de leur rappeler que la consommation de cannabis présente des risques pour la santé, et ce, même si la substance deviendra légale sous peu.

« L’objectif premier, c’est de bien faire prendre conscience que le produit il est dangereux, qu’il doit être utilisé avec beaucoup de réserve. À cet égard, e crois qu’on a ce souci, dans les cégeps, de bien informer les jeunes des dangers associés au cannabis », mentionne le président-directeur général de la Fédération, Bernard Tremblay.

La décision de la Société québécoise du cannabis (SQDC) d’ouvrir une succursale à proximité des cégeps Champlain St. Lawrence et de Sainte-Foy a fait couler beaucoup d’encre au cours des dernières semaines.
Le point de vente sera situé au 2491, chemin Sainte-Foy. À partir du 17 octobre, il sera possible de s’y procurer de la marijuana en toute légalité.

Inquiétudes
Des établissements d’enseignement collégial ont fait part de leurs préoccupations à l’égard de l’emplacement choisi. Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, a également émis des réserves.

« Si vous me posez la question : "Est-ce que vous trouvez que c’est un lieu adéquat?" La réponse, c’est non. À mon avis, c’est trop proche de nos établissements scolaires », a-t-il affirmé le 6 août dernier.

"On pourrait sûrement trouver un autre lieu que celui-là."
Sébastien Proulx, ministre de l’Éducation

La ministre se veut rassurante
La ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, ne s’oppose pas à l’ouverture d’une succursale de la SQDC à proximité de cégeps, et ce, même si des mineurs fréquentent ces établissements.

Elle mentionne que la vente de cannabis sera interdite aux moins de 18 ans. Elle rappelle que l’objectif de la nouvelle société d’État n’est pas d’encourager la consommation de cannabis, mais d’inciter les consommateurs à se tourner vers un marché légal et réglementé.

« Est-ce qu'on veut que les jeunes achètent du cannabis du marché du crime organisé ou qu'ils achètent du cannabis provenant des boutiques de la société d'État, avec une traçabilité, avec des informations pertinentes et tout? » a-t-elle demandé.