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Le Devoir de Philo/Histoire - Le corps des femmes soumis à des rapports de domination

Texte publié par Le Devoir.com

Texte de Valérie Cayouette Guilloteau
Professeure de philosophie au Cégep de Limoilou
Photo: Jasmine Guilloteau

Deux fois par mois, Le Devoir lance à des passionnés de philosophie et d’histoire des idées le défi de décrypter une question d’actualité à partir des thèses d’un penseur marquant.

26 mai 2018 - Que ce soit par le mouvement #MeToo, la télésérie Unité 9 ou l’arrestation récente d’élèves relativement au partage de photos à caractère sexuel, une problématique s’est récemment imposée à nous : les rapports de pouvoir multiples qui s’exercent sur le corps des femmes. Nous apprenions d’ailleurs que les études féministes universitaires gagnaient de plus en plus en popularité, même chez les étudiants masculins (Le Devoir, 3 mai 2018). Celles-ci, connues plus largement sous le terme « Études queer et de genre », sont largement inspirées de la théoricienne Gayle Rubin.

Dans son article « Marché aux femmes » datant de 1975, Gayle Rubin, née en 1949, est une des premières à employer le terme « genre » comme construction sociale pour le distinguer de celui de « sexe », qui fait davantage référence aux données biologiques. Reprenant des idées de Lévi-Strauss, Marx et Engels, elle y affirme que les principales causes de l’oppression des femmes sont à chercher dans le système de parenté (structure des familles, mariage, etc.) et la division genrée du travail. Faisant écho à Simone de Beauvoir, elle réaffirme que la domination masculine est une construction sociale et non un phénomène naturel. Elle en appelle à une « révolution de la parenté » qui ne peut que nous faire penser aux récentes revendications féministes sur la charge mentale, les congés parentaux, la reconnaissance du travail invisible, etc.

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