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Une carte de crédit remplie par 207 paires de souliers

Article publié par Ici.Radi0-Canada


Naïla Rabel.
Naïla Rabel a eu la chance de pouvoir payer ses dettes grâce à son salaire de comédienne.  Photo : courtoisie

18 avril 2018 - Les entreprises financières ne pourront plus solliciter les jeunes dans les cégeps pour qu'ils se procurent une carte de crédit. Mercredi, la ministre responsable de la Protection des consommateurs, Lise Thériault, a annoncé cet ajustement à la Loi, afin, dit-elle, de « limiter le surendettement ».

Un texte de Vincent Champagne

Naïla Rabel s’est acheté 207 paires de souliers. Ce sont 414 chaussures qui ont gambadé sur sa carte de crédit, acquise dès qu’elle a eu 18 ans. Avec un ordinateur portable. Un appareil photo qu’elle n’a jamais utilisé, parce qu’elle ne savait pas s’en servir. Des repas au restaurant, des vêtements…

« Je ne regardais pas tant que ça. Je me disais que j’avais du temps pour rembourser », dit-elle. Longtemps, elle n’a payé que le minimum mensuel requis, parce que sa journée de travail hebdomadaire dans la restauration rapide ne lui permettait pas d’en faire plus. Elle s’est sentie étouffée.

Mais Naïla a eu de la chance. Elle a décroché un premier rôle dans la populaire série télévisée 30 vies, et a pu régler toutes ses dettes.

Aujourd’hui dans la vingtaine, elle est secrétaire à l’information de l’Association générale des étudiants du Collège Montmorency, qui, comme elle, se réjouit de la mesure annoncée par la ministre.

On reçoit une carte de crédit, mais il n’y a pas beaucoup d’éducation qui est faite autour de ça. On ne sait pas vraiment comment rembourser. On ne sait pas c’est quoi les conséquences pour l’avenir!

Naïla Rabel, secrétaire à l’information de l’Association générale des étudiants du Collège Montmorency

Une solution à un problème qui n’existe pas?
Cette nouvelle mesure est-elle un coup d’épée dans l’eau? Au Cégep Édouard-Montpetit, à Longueuil, il n’y a jamais eu de sollicitation pour des cartes de crédit auprès des élèves.

« On n’autorise pas les institutions bancaires à venir faire de la sollicitation de ce type-là au Cégep, confirme Alain Legault, directeur des communications de l’établissement. On a beaucoup de demandes, mais on ne les accepte pas dans les murs du Cégep. »

"On trouve qu’une maison d’enseignement, ce n’est pas un endroit pour faire ce genre de démarche là".

Alain Legault, directeur des communications, Cégep Édouard-Montpetit

Tout au plus, M. Legault se réjouit « d’avoir quelque chose qui vient renforcer notre position. »

Même son de cloche du côté de la Fédération des cégeps. « Je ne crois pas qu'on ait vu de la sollicitation de ce type-là », dit Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération. « Mais que le gouvernement veuille protéger certains lieux, je pense que ce n’est pas une mauvaise chose », dit-il.

« Protéger les étudiants contre la sollicitation, on pense que c’est tout à fait adéquat, ça va tout à fait dans la philosophie des cégeps. On a le souci de ne pas devenir des espaces commerciaux. On sait que la publicité est de plus en plus dans nos vies et qu’elle est parfois insidieuse », dit M. Tremblay.

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