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Lettre ouverte : Consensus dans les cégeps : la ministre David doit s’engager à mieux financer le réseau

Lettre ouverte:

6 février 2018 - Les membres de la communauté collégiale l’affirment sans détour, le modèle de financement actuel des cégeps est dépassé et doit être actualisé. L’évolution des populations étudiantes, les changements démographiques, surtout en région, et les compressions des dernières années n’ont fait qu’amplifier les faiblesses d’un modèle élaboré il y a près de trois décennies.

Le 23 janvier dernier, une délégation représentant le personnel de soutien, professionnel et enseignant de la CSQ rencontrait un comité d’experts du ministère de l’Enseignement supérieur chargé d’élaborer des propositions en vue de la révision du modèle. Une première en plus de 25 ans.  

Les membres de ce comité font face à une lourde tâche. Cela dit, la qualité des échanges et l’ouverture dont ils ont fait preuve ont atténué nos craintes et nous avons pris acte de la volonté des membres du comité de faire écho aux nombreux consensus qui émanent du milieu collégial.   

Le gouvernement saura-t-il les entendre? L’échéancier actuel prévoit un rapport préliminaire au printemps. Malheureusement, le dépôt du rapport final n’est prévu qu’au lendemain des prochaines élections provinciales. Tout ce travail sera-t-il fait en vain? Nous sommes d’avis que la ministre David doit s’engager rapidement sur les principaux points qui font consensus.

Il est rare de constater que les directions d’établissements, les syndicats et les regroupements étudiants parlent d’une même voix. À la lumière des mémoires qui ont été déposés dans le cadre de la consultation, nous observons en effet des convergences notables. Qu’on se le dise, pour une fois, de nombreuses pistes de solution sont partagées et peuvent être appliquées rapidement.

Nous assistons à une explosion du nombre d’étudiantes et d’étudiants à besoins particuliers — ils et elles sont dix fois plus nombreux qu’en 2007 — de même qu’à la multiplication des types de parcours académiques. Il n’est donc pas étonnant que toutes et tous s’entendent sur l’importance de reconnaitre cette diversité de besoins, son impact sur les services et, bien sûr, sa nécessaire intégration aux paramètres de financement.

Or, le financement basé sur l’intensité de la fréquentation scolaire plutôt que sur les besoins réels des individus crée des effets pervers qui sont dénoncés de façon unanime. Les besoins de services psychosociaux ou d’orientation d’une étudiante ou d’un étudiant ne changent pas en fonction de son inscription à temps plein ou à temps partiel!

Les problèmes liés à la multiplication récente du financement « à la carte » sous forme d’annexes budgétaires dédiant des sommes ponctuelles pour répondre à des besoins ciblés, soulèvent aussi les critiques d’une large majorité d’intervenantes et d’intervenants. Leurs exigences bureaucratiques ne font qu’alourdir le travail et ne créent aucun effet structurant dans le réseau collégial. Le message envoyé par le milieu est clair : pérennisons ces sommes en les intégrant de façon stable au sein des volets existants de financement des activités pédagogiques et d’enseignement.

Finalement, au-delà de toute réforme du modèle, des personnes provenant d’horizons des plus variés plaident à l’unisson en faveur d’un réinvestissement important dans le réseau collégial. Il est urgent d’effacer l’effet désastreux des compressions des dernières années et de rehausser de manière durable et structurante le financement général des cégeps.

Alors que nous venons de souligner le cinquantième anniversaire des cégeps, il nous apparait parfaitement normal de questionner les modèles qui régissent le réseau collégial et d’entretenir des discussions collectives à cet égard. Encore faut-il agir quand les constats sont clairs et se donner les moyens de nos ambitions. Souhaitons que la ministre David donne suite à l’appel de la communauté des cégeps dans les meilleurs délais et que les réformes proposées ne meurent pas au feuilleton.

Anne Dionne
Présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ)

Lucie Piché,
Présidente de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep
(FEC-CSQ)

Suzanne Tousignant,
Présidente de la Fédération du personnel professionnel des collèges
(FPPC-CSQ)

Source: Simon Lavigne
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