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Témoignage - Le réseau collégial fête ses 50 ans

Texte publié dans la Presse+ du 12 novembre 2017 -

Philippe Gribeauval
Directeur général du cégep Gérard-Godin

Ce matin, j’arrive tôt au cégep Gérald-Godin. Comme tous les matins, circulation oblige. Dès que je sors de mon véhicule, j’ai à la fois une vue sur la portion historique du magnifique bâtiment du cégep et sur la rivière des Prairies. Ce lieu exceptionnel est inspirant. Tout comme l’histoire qui s’y tient tous les jours.

Les étudiants arrivent petit à petit. Certains encore endormis, d’autres sur le pilotage automatique, un peu pressés pour celles et ceux qui ont leur premier cours à 8 h. Je les reconnais. Lui est membre de notre équipe de volleyball. Excellent joueur à l’attaque. Les deux étudiantes en conversation à une table dans le lobby du cégep, leurs notes à la main, sont en sciences de la nature. Je salue une étudiante que je vois souvent à proximité de mon bureau où sont localisés les espaces du SAIDE, nos services d’aide pour les étudiants ayant des difficultés d’apprentissage. Ils sont de plus en plus nombreux, et les services sont souvent débordés, particulièrement durant la période des évaluations. Faudra garder le tout à l’œil. Je me retourne pour saluer notre nouveau conseiller en communication. À l’instar de quelques-uns de ses collègues, c’est un ancien de GG qui a tellement aimé son passage ici au point de vouloir revenir y travailler. C’est un signe de vitalité, me dis-je.

Je me déplace sur les étages. La lumière du matin, qui pénètre dans le bâtiment grâce à la fenestration généreuse, est magnifique. Il y a toujours cette étudiante qui choisit le même emplacement le matin pour se faire baigner par la lumière en attendant son amie. Que lui réservera sa journée ?

Je travaille dans un cégep qui est loin d’avoir l’âge de ses pairs. Le réseau collégial fête ses 50 ans cette année. Le cégep Gérald-Godin, lui, approche de ses 20 ans. Autant dire qu’il a encore l’âge de ses étudiants. Mais qu’il s’agisse de 20 ou 50 ans, j’assiste ce matin au même rituel qui nous habite depuis toutes ces années. Des étudiants entrent dans une salle de classe pour y recevoir un enseignement, vivre une évaluation, participer à une discussion de groupe, une simulation, faire des travaux d’équipe, des exercices pratiques, visionner un documentaire. 

Certains vivront peut-être ce matin une révélation. Certains prendront peut-être conscience de nouveaux éléments. De nouvelles connaissances seront certainement acquises. Les propos inspirants d’un enseignant changeront peut-être un parcours de vie. Preuve en est que les enseignants que les étudiants ont devant eux aujourd’hui ont probablement connu au même âge des enseignants qui les ont orientés dans une voie, celle qu’ils enseignent aujourd’hui. 

Ils ont sûrement côtoyé pour la plupart des enseignants si inspirants qu’ils ont envisagé à leur tour de faire carrière dans l’enseignement. Rien n’arrive pour rien.
Certains étudiants ressortent d’une salle de classe, direction laboratoire ou exercice sur le terrain. Qu’adviendra-t-il d’eux ? Vont-ils obtenir leur diplôme un jour ? Changer de parcours ? Parcourir le monde ? Abandonner leurs études ? Je les regarde comme je regarde mes propres enfants. Ils vont faire leur choix de vie, obtenir des résultats à la mesure de leurs efforts. 

Je leur souhaite le meilleur en me disant que nous tentons, du mieux que nous pouvons, de les accompagner, de les soutenir et de leur ouvrir le champ des possibles. Le reste leur appartient, jeunes adultes et adultes qu’ils sont dorénavant.
Ce matin, en ce 50e anniversaire du réseau collégial, dans mon esprit, il n’est question ni de compressions budgétaires, de sous-financement, de régime pédagogique, ni de plusieurs autres considérations d’importance. Ce matin, comme tous les matins, j’ai du plaisir à assister à ce beau quotidien, ce rituel repris depuis des décennies, où des étudiants entrent dans la salle de classe d’enseignants inspirants pour en retirer ce qu’ils choisiront de retenir. 

J’ai devant les yeux ce que je considère être l’essentiel et je m’estime privilégié de pouvoir y contribuer, tous les jours, à ma manière.

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