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Revenir à la notion de service public

Article publié par Le Devoir/| Pierre Vallée - Collaboration spéciale | Éducation

Au lieu de remettre en question l’existence des cégeps, Jean Murdock, président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec, estime qu’il faudrait plutôt reconnaître leur succès.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir

Ce texte fait partie d’un cahier spécial.

7 octobre 2017 - Le gouvernement du Québec, lors du dépôt du dernier budget, au printemps dernier, a clairement indiqué son intention de réinvestir en éducation. Bien qu’il s’en réjouisse, Jean Murdock, président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec, affiliée à la CSN (FNEEQ-CSN), croit que cela est nettement insuffisant.

« Le montant d’argent que le gouvernement va réinvestir en éducation va tout simplement permettre au réseau de l’éducation de combler le manque à gagner dû aux dernières compressions, souligne-t-il. À terme, lorsque l’argent sera entièrement investi, soit en 2022, le réseau se retrouvera avec un budget comparable à celui d’avant les compressions. »

L’effort financier en éducation doit être, selon lui, beaucoup plus soutenu. « Le Québec est déjà une société du savoir, rappelle-t-il, et nous entrons dans la quatrième révolution industrielle, soit celle du numérique. Les emplois de demain exigeront de nouvelles connaissances et compétences, mais surtout, ces emplois seront en premier des emplois de contrôle et de jugement. Et l’enseignement supérieur est au coeur de ces changements, d’où l’importance de lui donner les moyens de bien remplir son rôle. »

Un service public

Dans les années 1960, à la suite de la commission Parent, le Québec a modernisé son système d’éducation et a permis, notamment avec la création du cégep, l’accès à l’enseignement supérieur à des personnes qui auparavant en étaient écartées. Sans cet effort, Jean Murdock pense que le Québec n’aurait pas réussi sa Révolution tranquille. Il plaide donc pour que l’on retourne aux principes fondamentaux qui ont mené à cette modernisation du système d’éducation québécois et dénonce les dérives qui l’affligent aujourd’hui.

« L’éducation au Québec a pris une tournure marchande. Les institutions se font de la concurrence entre elles afin d’obtenir une plus grande part du marché du savoir, avance-t-il. La rentabilité est maintenant le critère pour maintenir ou non une offre de cours. Cette approche est contre-productive. Ce n’est pas de la concurrence qu’il faut, mais plutôt de la collaboration. »

Il trouve aussi que l’enseignement supérieur est trop collé sur les besoins du marché du travail. « Oui, l’enseignement supérieur doit former des travailleurs, avance-t-il, mais il doit aussi être en mesure de former des citoyens, et surtout des personnes qui ont acquis les connaissances et les compétences qui leur permettront d’apprendre tout au long de leur vie, et ainsi de pleinement contribuer à la vitalité de leur communauté. Les entreprises passent, mais les communautés, elles, restent. »C’est pourquoi il milite pour un retour de l’éducation en tant que service public.

"Il faut penser aux cégeps, non pas comme des établissements individuels, mais plutôt comme un réseau. Et ce réseau a le devoir d’assurer l’équité en matière d’accessibilité à l’enseignement supérieur, et ce, sur l’ensemble du territoire québécois."
Jean Murdock, président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec, affiliée à la CSN (FNEEQ-CSN)

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