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Sarah Breton première diplômée sourde de l’histoire du Cégep Beauce-Appalaches

Saint-Georges, le 5 octobre 2017 – La ténacité de Sarah Breton a permis à l’étudiante originaire de Sainte-Marie de devenir la première diplômée sourde de l’histoire du  Cégep Beauce-Appalaches.  Elle a pu compter sur l’équipe des services adaptés du Cégep qui a été la première de l’Est de la province à implanter une méthode de soutien à la correction sourde.

La jeune femme de 26 ans a surmonté les difficultés de syntaxe en français caractéristiques aux personnes sourdes.  Elle a réussi, en décembre 2016,  l’épreuve uniforme de français qui confirmait l’obtention de son diplôme d’études collégiales en Techniques d’éducation à l’enfance.  Elle est impatiente à l’idée de monter sur scène, le 18 novembre, pour recevoir le précieux document lors de la cérémonie de remise des diplômes.  Éducatrice sur appel au CPE Les Couches Tôt de Vallée-Jonction depuis sept mois, elle vient de décrocher un autre emploi sur appel au CPE Lacet de Bottine de Sainte-Marie.

               

Nancy Morin et son collègue Vincent Dijoux accompagnaient Sarah Breton dans dans tous ses cours.

« Les personnes sourdes ont de la difficulté à s’exprimer par écrit, explique Nancy Morin, l’une des interprètes qui ont accompagné Sarah au Cégep.  Lorsqu’elles lisent sur les lèvres, elles ne voient pas certains mots ou particules comme les « que », les « gue », les « gne » ou les « r ».  Sarah avait tendance à en mettre un peu partout, ce qui rendait ses textes incompréhensibles.  L’enseignante Christine Hamel a adapté la méthode de correction utilisée au Cégep du Vieux-Montréal en plus de travailler avec Sarah à chaque semaine au centre d’aide en français.  Ses notes sont passées de 45 % à 75 % ».

Nancy Morin et son collègue Vincent Dijoux accompagnaient Sarah Breton dans tous ses cours.  En plus d’utiliser le langage des signes, ils répétaient chacun des mots prononcés en classe pour que l’étudiante les lisent sur leurs lèvres.  Les interprètes positionnaient leur corps à gauche ou à droite pour faire comprendre que c’était le professeur ou un étudiant qui parlait.  Il s’agit d’un exercice qui demandait beaucoup de concentration pour l’étudiante, ce qui rend son parcours encore plus méritoire.

« Mon cégep a été une montagne russe d’émotions, précise la jeune femme.  Nancy a souvent dû me calmer et me consoler lorsque je pleurais parce que tout n’allait pas à mon goût.  Nous avons découvert comment travailler ensemble.  Je n’ai jamais voulu jouer à la victime, ni demander de privilèges.  Je voulais être comme les autres.  J’ai refusé l’offre de faire mes exposés oraux seule devant mes professeurs.  Lors de mon premier exposé, les autres étudiants sont restés bouche bée devant ma performance.  Je me suis sentie tellement fière ».

Sarah croit que sa situation peut représenter un avantage dans son travail.  « Les enfants comprennent mon handicap.  Ils développent des trucs comme lever la main pour signifier leur désir de me parler.  Ils apprennent même un peu le langage des signes.  Mes yeux compensent pour mon manque d’audition et je me place toujours pour voir tout le groupe.  Les nouvelles technologies comme les messages texte m’aident beaucoup à communiquer avec mes collègues et employeurs ».

Sarah Breton considère sa réussite comme un travail d’équipe.  « Lorsque j’ai réussi mon épreuve uniforme de français, Nancy, Vincent, Christine, mes autres enseignants et moi étions tellement émus.  J’espère que d’autres étudiants qui font face à certaines limitations verront dans mon cas une motivation à ne pas renoncer à leurs rêves et, comme je l’ai fait, à transformer leur frustration en ténacité ».

L’apprentissage n’a pas toujours été facile pour Sarah qui a été victime d’intimidation au secondaire.  Des gens doutaient aussi de sa capacité à poursuivre des études collégiales.  « On me disait de faire une attestation d’études collégiales pour éviter d’avoir à faire les cours de base comme le français et la philosophie.  Ça m’a choquée et j’ai décidé de faire un DEC.  J’ai senti, au Cégep Beauce-Appalaches, que les autres étudiants m’acceptaient beaucoup plus telle que j’étais.  Ça m’a donné une dose supplémentaire de confiance ».

Les services adaptés qu’offre le Cégep Beauce-Appalaches augmentent grandement les chances de réussite d’étudiants aux prises avec certaines limitations.  Il peut s’agir d’un déficit d’attention, de problèmes de santé mentale ou de différents handicaps physiques.  La recette est adaptée selon chacun des cas.  Environ 170 étudiants bénéficient de services de ce genre cette année.

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Source : Réjean Bergeron Conseiller en communication
Cégep Beauce-Appalaches 418 228-8896, poste 2217
 rbergeron@cegepba.qc.ca