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Fédération des Cégeps inquiète - Immigration Canada bloque l’arrivée d’étudiants étrangers au Québec

Alain Laforest | TVA Nouvelles
 

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28 août 2017 - Un seul des huit étudiants étrangers en provenance des îles Comores a obtenu l’autorisation d’Immigration Canada pour entreprendre ses études au Cégep de Victoriaville. Les fonctionnaires fédéraux n’ont pas donné l’autorisation à sept jeunes de débuter au Québec une formation en technique d'électronique industrielle.

«Au Cégep de Victoriaville, on choisit toujours des étudiants dans des programmes où les finissants ont des perspectives d'emploi de 90% et plus», insiste le directeur général de l’établissement, Paul Thériault.

 

«Le véritable problème, c’est qu’on crée de l'espoir inutilement», ajoute-t-il.
M. Thériault comme son directeur des études Christian Héon n'arrivent pas à s'expliquer pourquoi ces sept étudiants boursiers du gouvernement du Québec ne peuvent venir à son collège alors qu'ils répondent à tous les critères.

Les documents consultés par TVA Nouvelles démontrent que ces étudiants comptent des promesses d’embauches dans leur pays après leur formation. Immigration Canada répond malgré tout qu’ils n’ont pas la preuve qu’ils y retourneront une fois leur formation complétée.

Faux espoirs
En 2016, lors du Sommet de la francophonie à Madagascar, le premier ministre Philipe Couillard a pris l’engagement d’accorder 250 nouvelles exemptions de droits de scolarité et 42 bourses pour la formation collégiale et technique afin de favoriser le développement des pays du sud de la francophonie.

«Si on annonce 200 bourses et qu'il y a seulement une vingtaine d’étudiants qui reçoivent leur visa et pouvant poursuivre leur démarche académique...personnellement, je pense que c'est un fiasco», conclut le directeur général du Cégep.

«Toutes les sociétés ont besoin de ces travailleurs pour être capable de fonctionner. Sinon, qu'est que ça veut dire pour un pays du sud? Ce sont des pannes d'électricités à répétition, des systèmes téléphoniques qui fonctionnent une fois sur deux», estime Christian Héon.

Victoriaville, pas un cas unique
La Fédération des cégeps du Québec soutient qu’il y a plus de refus cette année que les années précédentes.
Pas moins d’une cinquantaine de jeunes en provenance des îles Comores, du Cameroun et de la Mauritanie se sont vus refuser leur visa par Immigration Canada. Aucune accusation criminelle ne pèsent sur ces jeunes.

«D'être face à une situation ou ils sont refusés à l'immigration, on est déçu et on se questionne», souligne Bernard Tremblay PDG de la Fédération des cégeps du Québec.

Plus de cohérence
La fédération des Cégeps demande maintenant à Québec et Ottawa d’arrimer leurs intentions.
«C'est normal que l'immigration fasse une sélection», affirme toutefois le président de la Fédération des Cégeps,
«C'est normal qu'il y ait une analyse des dossiers, mais lorsqu’on a des taux de refus de 90% à 100% dans certains pays, ça surprend [...] Pour nous, il y a un enjeu de crédibilité internationale. On fait quand même des efforts pour recruter ces jeunes», se désole M Tremblay.

Cette situation survient alors que les politiciens québécois se déchirent sur la question des demandeurs d’asiles en provenance des États-Unis.

«La pire chose qui peut arriver pour un individu, c'est de ne rien faire et de vivre dans la pauvreté. C'est exactement ce qui se passe avec la situation actuelle. Avec les visas qui ne sont pas accordés, on garde les gens dans la misère » conclut le DG du cégep de Victoriaville, qui espère toujours que les sept étudiants qu’il a recrutés pourront venir étudier au Québec cet automne.