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Un DEC bilingue pour séduire les étudiants francophones


Une entente permettrait au collège Bois-de-Boulogne d’attirer des étudiants avec une offre plus diversifiée qui leur donnerait l’occasion de parfaire leur anglais.
Photo: Wikicommons

23 juin 2017 - Article publié par Le Devoir.com -  |Lisa-Marie Gervais |/ Pour pallier la baisse de clientèle dans les cégeps francophones, le collège Bois-de-Boulogne envisage d’offrir un diplôme d’études collégiales (DEC) bilingue en science de la nature conjointement avec le collège Dawson, a appris Le Devoir.

Ce projet pilote, qui pourrait être implanté dès 2018, permettra à deux cohortes de quarante étudiants chacune de suivre la moitié de leurs cours en anglais, et l’autre, en français.

« C’est une idée de Bois-de-Boulogne et on l’a trouvée intéressante », a indiqué Raymond Bourgeois, directeur adjoint des études au collège Dawson. « Ça donne aux étudiants le choix d’étudier dans les deux langues et d’être fonctionnels au Québec dans les deux langues, ce qui est un avantage pour tout le monde. »

Les statistiques des admissions sont sans équivoque : les cégeps francophones de l’île de Montréal sont en baisse de clientèle, alors que les cégeps anglophones, comme Dawson, sont au maximum de leur capacité et croulent sous la demande. Selon un compte rendu d’une rencontre que nous avons obtenu, l’entente permettrait au collège Bois-de-Boulogne (BdeB) d’attirer des étudiants, surtout dans ses cours de biologie et chimie, qui sont dégarnis, avec une offre plus diversifiée qui leur donnerait l’occasion de parfaire leur anglais.

Elle ouvrirait aussi le cégep aux étudiants étrangers et donnerait « la possibilité d’établir des passerelles avec les universités anglophones », notamment parce que Dawson possède une entente de reconnaissance d’acquis avec l’Université McGill pour certains cours. « Les étudiants qui font le cours de chimie organique chez nous n’ont pas besoin de le refaire à McGill », explique M. Bourgeois. Une telle entente existerait aussi entre BdeB et l’Université de Montréal pour des cours de mathématique.

Un gain pour les deux

Pour Dawson, qui a déjà tenté sans succès un tel partenariat il y a dix ans, les avantages sont aujourd’hui indéniables, croit le directeur adjoint des études. « La beauté de l’affaire, c’est qu’on n’a pas beaucoup d’espace dans nos laboratoires de chimie et biologie, alors ce sont eux [BdeB] qui prendront ces cours-là. Nous, on va offrir mathématique et physique. Ça va mettre moins de stress sur nos installations », avance-t-il. « C’est sûr que c’est un gain pour les deux établissements. »

Les cours de français et d’anglais, langue maternelle, seront offerts dans le collège où l’étudiant est inscrit. Tous les autres cours, qui ne sont pas de science, pourront se faire dans l’un ou l’autre des établissements. L’étudiant passerait ainsi deux jours par semaine dans un cégep et trois dans l’autre, et inversement, à la session suivante.

M. Bourgeois est convaincu que ce type de programme sera très prisé. « C’est bien de maîtriser le jargon scientifique dans les deux langues. Par exemple, les anglophones connaissent le DNA, mais ne savent pas toujours que ça se dit ADN en français », dit-il. Et si la demande est trop forte ? « On va choisir les meilleurs. » Traditionnellement, les statistiques démontraient que les meilleurs étudiants en science étaient ceux qui avaient l’anglais comme seconde langue.

Des inquiétudes

Emballant pour les directions, ce projet de partenariat suscite néanmoins des inquiétudes au sein du personnel des collèges. « Nous, on sait que les étudiants qui vont faire ce programme sont les bons étudiants qui iront probablement à McGill après », se désole un enseignant du collège BdeB, qui requiert l’anonymat. « Un grand pourcentage de nos bons élèves va à l’Université de Montréal, mais avec ça, ça va changer. Ils vont vouloir aller à l’université en anglais. C’est préoccupant. »

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Voir aussi le texte de Michel David: Le Cheval de Troie