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Agressions sur les campus: les victimes laissées à elles-mêmes

Moins de 12% des cégeps et universités ont une politique spécifique sur la violence sexuelle


25 mars 2017 |Jessica Nadeau | Article publié par Le Devoir.com -


Photo: Michaël Monnier Archives Le Devoir
Sur les 65 établissements postsecondaires publics du Québec, seulement 3 universités et 5 cégeps ont une politique spécifique pour lutter contre les agressions sexuelles.
Un soir de printemps, Andréanne* s’est rendue chez un de ses professeurs de cégep, qui avait l’habitude de faire des soirées chez lui, dans l’espoir d’y retrouver ses amis. Elle venait de se disputer avec son copain. Elle avait besoin de parler. Mais ce soir-là, il n’y avait personne. Elle s’est retrouvée seule avec le professeur.
 
« J’étais en larmes, roulée en boule sur le divan, se remémore l’étudiante. C’est là que ça s’est produit. Je ne pouvais pas bouger. Je ne comprenais pas. J’avais des haut-le-coeur. J’ai juste fermé les yeux en attendant que ça finisse. »
 
Elle a mis du temps à accepter que ce n’était pas de sa faute. Quelques mois plus tard, elle s’est résolue à en parler à une professeure, en qui elle avait confiance. Cette dernière l’a appuyée dans ses démarches pour trouver de l’aide.
 
Elle a songé à porter plainte à la police, mais elle trouvait cela trop formel, trop long. « J’ai porté plainte à mon cégep parce que c’était plus proche de [ma réalité]. On parle ici d’un prof et d’une élève, je me disais que ça allait se régler tout de suite, raconte la jeune femme. Je me disais : “Ça va changer, ça n’arrivera pas à d’autres filles.” Mais c’était super difficile, je ne savais pas dans quoi je m’embarquais. »
 
Contre toute attente, Andréanne s’est heurtée à une fin de non-recevoir. « Ils m’ont demandé si ça s’était produit sur le terrain de l’école ou via le système de messagerie interne. Non. Alors ils m’ont répondu : “L’école n’a aucune responsabilité dans ton cas, il n’y a rien qui concerne les agressions sexuelles professeur-élève dans le guide d’éthique.” »
17%
C’est le pourcentage des victimes d’agression sexuelle qui peinent à poursuivre leurs activités à l’université.

Source: enquête ESSIMU
 
Des politiques à géométrie variable
 
Si Andréanne avait étudié dans un autre cégep, elle aurait peut-être pu porter plainte ou espérer que son professeur soit suspendu ou congédié. Mais la situation varie d’un établissement à l’autre, a pu constater Le Devoir, qui a sondé l’ensemble des cégeps et universités du Québec pour brosser un portrait des politiques en vigueur en matière de traitement des plaintes.
 
Sur les soixante-cinq établissements postsecondaires publics du Québec, seulement trois universités et cinq cégeps ont une politique spécifique pour lutter contre les agressions sexuelles sur les campus, a appris Le Devoir.
 
Certains disposent d’une politique de civilité ou d’un code d’éthique, mais la majorité des institutions ne se réfèrent qu’à la Politique contre le harcèlement, imposée à tous les employeurs par Québec. Certaines institutions l’ont élargie pour y inclure le harcèlement sexuel en contexte étudiant, mais ne l’ont pas adaptée en conséquence.

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