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La tragédie du langage ou comment semer des choux et récolter des lapins - Traitement-choc pour une langue malade

Saint-Jérôme, le 8 novembre 2016 – Du 15 au 18 novembre, les étudiants à l’option Théâtre du programme Arts, lettres et communication du Cégep de Saint-Jérôme (CSTJ) présenteront La tragédie du langage ou comment semer des choux et récolter des lapins, écrite et réalisée par leur enseignant Patrice Joly. Cette œuvre, aux inspirations dadaïste et absurde du début du XXe siècle, explore les dérives de la langue française, tout en posant un regard critique sur notre société.

L’histoire se déroule au premier Congrès de neuropataphysique sur les troubles du langage et de la personnalité, lors duquel deux éminents spécialistes présentent quelques cas cliniques dans une perspective « historico-pseudoscientifique ». Lors de ce rendez-vous, une trentaine de personnages nous font vivre des situations en apparence banales, mais toujours déconcertantes en réalité.
Ce spectacle multidisciplinaire, qui allie danse, chant et comédie, transporte le spectateur dans un univers complètement déjanté où l’œuvre d’Ionesco côtoie celle de Boudreault, de Schwitters, de Vian ou encore, de Plume Latraverse.
« On pige autant dans les registres de la littérature française, allemande que québécoise pour faire apparaître des perles langagières. Parfois, c’est très, très, très drôle tandis que des fois, c’en est juste pathétique : le vocabulaire utilisé n’est pas adapté à ce qu’on veut dire! Au Québec, on peut faire un certain parallèle avec les sacres : souvent, faute d’avoir le bon mot, on sacre! », explique M. Joly.

« On a beaucoup plus peur d’être malade que d’être con! »

Si cette pièce nous permet de redécouvrir l’œuvre d’auteurs marquants, elle nous amène surtout à poser un regard critique sur nos propres dérives langagières et à nous questionner sur l’impact de celles-ci. 

« C’est un phénomène d’une actualité criante. Il y a quelque chose de pathétique dans notre façon d’utiliser la langue, aujourd’hui. D’ailleurs, qui fait réellement un effort pour dire les choses correctement de nos jours? C’est très rare qu’on le fasse. Et ça, il y a des dramaturges qui le font très bien ressortir. C’est toujours un plaisir de le montrer.

« Il y a aussi une critique sociale là-dedans. On parle sans cesse de réinvestissement en santé, mais jamais en éducation. On a beaucoup plus peur d’être malade que d’être con. Il ya quelque chose de triste là-dedans! C’est un peu ce que fait ressortir la pièce : étant donné qu’on est dans un congrès "scientifique" et qu’on présente des cas cliniques de dérives langagières, on sous-entend qu’on est malade. Puisqu’on parle de "santé", on nous écoute, tandis que lorsqu’on parle d’éducation, il n’y a plus personne qui prête l’oreille », fait valoir avec passion, l’enseignant.

Représentation pour le grand public

Créée en 2014, La tragédie du langage ou comment semer des choux et récolter des lapins est présentée pour une deuxième fois au CSTJ. Pourquoi revisiter cette pièce? Pour la simple et bonne raison qu’elle n’a pas encore « rencontré » tout son public.

« Quand on l’a montée il y a deux ans, nous l’avons présentée à une vingtaine de groupes du Département de français du CSTJ. Cette fois-ci, nous jouerons devant une trentaine de groupes, en plus d’ouvrir la répétition générale aux élèves du secondaire. De plus, le grand public est invité à venir voir la pièce, le 18 octobre, à 19 h 30, à la salle Germaine-Guèvremont du cégep », mentionne l’auteur.

Nul besoin d’être un initié du dadaïsme ou de l’absurde pour apprécier l’œuvre : celle-ci est accessible à tous, assure M. Joly. Toutefois, les gens doivent s’attendre à sortir de leur zone de confort.

« On fait confiance à l’intelligence du spectateur. On pourrait avoir peur de perdre les gens, parce qu’on change les mots et leur signification, mais non. Grâce à la forme, au contexte et au jeu des acteurs, ça passe très bien », soutient-il, convaincu que le public sera charmé.

Le grand public est invité à venir assister à la représentation de La tragédie du langage ou comment semer des choux et récolter des lapins, le 18 octobre, à 19 h 30, à la salle Germaine-Guèvremont du Cégep de Saint-Jérôme (455, rue Fournier). On peut se procurer des billets au coût de 6 $ le soir de l’événement, à la porte. Information : pjoly@cstj.qc.ca

À propos du Cégep de Saint-Jérôme

Fondé en 1970, le Cégep de Saint-Jérôme offre 23 programmes de formation préuniversitaire et technique, répartis sur trois campus. Le Collège emploie plus de 600 employés. Il accueille annuellement plus de 6 000 étudiants au secteur régulier, à la formation continue et aux entreprises.

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Information :

Daphnée Tranchemontagne
Conseillère aux communications
450 436-1580, poste 1107
dtranchemontagne@cstj.qc.ca