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Un 80M $ convoité par les cégeps et les étudiants

Alors que le fédéral se prépare à injecter 80 M $ dans l'enseignement supérieur au Québec, Bernard Tremblay, pdg de la Fédération des cégeps, espère que le financement profitera aux établissements collégiaux.

Le Soleil, Patrice Laroche
Ma Presse

26 aoùt 2016 - Article publié par La Presse.ca/Le Soleil - Patricia Cloutier
Le Soleil // -  Alors que le fédéral s'apprête à signer un chèque de 80 millions $ à Québec pour soutenir l'enseignement supérieur, les directions de cégeps, tout comme les étudiants, cherchent mettre la main sur le magot.

En entrevue éditoriale au Soleil, Bernard Tremblay, pdg de la Fédération des cégeps, a plaidé pour que la somme soit, au moins en partie, investie directement dans les cégeps. «Dans un contexte où l'ensemble des étudiants du Québec ont vécu des compressions de 155 millions $ [en cinq ans], il faut que ce soit un choix collectif. [...] Il y a peut-être un partage qui peut être fait, mais c'est sûr qu'il y a un enjeu que ces sommes-là soient redistribuées dans le réseau collégial.»

Un avis que ne partage pas Rose Crevier-Dagenais, présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ). «Le gouvernement Trudeau a aboli le crédit d'impôt pour manuels et pour études. En contrepartie, il offre des prêts et bourses aux étudiants. Il faut qu'au Québec aussi, cet argent aille directement aux étudiants», fait-elle valoir.

Le crédit d'impôt fédéral prend fin le 1er janvier 2017. La FECQ, de même que l'Union étudiante du Québec, qui représente des universitaires, souhaitent d'ici là «un engagement ferme» de la ministre de l'Enseignement supérieur, Hélène David, à donner l'argent directement aux étudiants.

Mais pour l'heure, aucune décision n'est prise. «La ministre est à évaluer les différentes options, sur la façon dont va être dépensé l'argent», indique Thierry Bélair, l'attaché de presse d'Hélène David.

La Fédération des cégeps ne militerait pas pour toucher une partie de la somme si la situation financière de ses établissements membres était plus reluisante. «On a eu droit à un léger réinvestissement de 16 millions $ au dernier budget, et on espère que ce n'est qu'un début. On ne peut pas dire que tous les problèmes sont réglés», indique M. Tremblay.

Rappelons que ces dernières années, des emplois ont disparu, des heures ont été coupées dans des bibliothèques et des équipes sportives ont cessé leurs activités dans des cégeps au Québec en raison des compressions budgétaires.

Baisse de clientèle

La démographie fait en sorte que les cégeps devront composer avec des baisses de clientèle jusqu'en 2020. Cette année, la baisse n'a été que de 0,8 %, un chiffre qui réjouit la Fédération, la plupart des établissements ayant réussi à sauver les meubles.

Pour compenser ce déclin naturel, les établissements ont recruté plus d'étudiants internationaux et ont mobilisé davantage les jeunes de 5e secondaire. La proportion qui entre directement au cégep après le secondaire est passée de 66 % à 68 %.

Malgré toutes ses préoccupations, M. Tremblay aborde l'année scolaire qui commence sur une note positive. «On pense qu'on a vraiment une ministre qui écoute les cégeps, qui se préoccupe des cégeps», lance-t-il. Il fonde aussi beaucoup d'espoir en Philippe Couillard, qui a dit qu'il était le premier ministre de l'Éducation. «Reste à en avoir la preuve tangible», ajoute-t-il.

M. Tremblay espère aussi davantage de stabilité au sein du ministère de l'Éducation, qui a été selon lui «un ministère de portes tournantes». «Il y a une perte d'expertise au sein du Ministère», affirme celui qui s'est vu contraint dernièrement de répéter et d'expliquer encore certaines «choses tellement simples» à des fonctionnaires aux «regards étonnés».