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Le prof en gardien des possibilités de penser

Journal le Devoir  samedi et dimanche 22 novembre 2015.Texte de BOCHRA MONAI, Professeure au Département de géographie et spécialiste en études urbaines à l’Université d’Ottawa | Éducation --

Photo: La seule conviction à apporter dans un espace-temps comme la classe est une forme de résistance aux simplifications, malgré certaines émotions légitimes.

Enseigner, c’est transmettre, dans l’espace-temps qui nous est accordé, un ensemble de méthodes et de connaissances. C’est, aussi et surtout, amener à se questionner, à réfléchir, à maintenir inlassablement les autres dans la conviction de leur humanité, de leur faculté de juger et de leurs responsabilités. Voilà la mission que je me donne depuis que j’ai décidé d’entamer cette voie. Habiter le contenu, certes, mais être aussi sensible et à l’écoute des trajectoires des étudiants pour que l’espace-temps de la classe devienne un espace de conversation public, comme il semble de moins en moins en exister dans nos sociétés contemporaines. « Je pensais que le cours d’aujourd’hui porterait sur les attentats de Paris », m’a lancé une étudiante ce matin-là. Cette affirmation s’est annoncée comme une injonction à ce que je tente de transmettre à chaque cours : les inciter à être de bons géographes en prenant du recul.

Le hasard faisant bien les choses, le cours proposé cette semaine devait porter sur « l’altérité en ville ». Je devais y évoquer des questions d’ethnicité et de ségrégation spatiale. L’objectif est donc de ne pas faire de liens simplistes entre cet « événement » qui relève du « terrorisme » et de la « géographie de la peur » et certaines des explications inscrites dans une trame historique. Lire la suite :

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Source : Journal Le Devoir, section idée, samedi et dimanche 22 novembre 2015
Photo: Michaël Monnier Journal Le Devoir