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La mission des cégeps en péril

Le réseau est à bout de souffle, dit le président de la Fédération des cégeps

Le président de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay
Photo: Pedro Ruiz Le Devoir Le président de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay

28 août 2015 | Article publié dans Le Devoir.com - Philippe Orfali |

Depuis cinq ans, ils ont tout donné. Ils ont comprimé, coupé, retranché. Réorganisé. Aboli. Et les cégeps sont aujourd’hui à bout de souffle, à un point tel que c’est l’avenir de l’enseignement collégial qui se voit mis en péril par les réductions de dépenses imposées par Québec, clame le nouveau président-directeur général de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay, en entrevue éditoriale au Devoir.

« À bout de souffle. » L’expression est employée jusqu’à plus soif par les syndicats et les groupes sociaux. Dans la bouche d’un homme qui a dirigé pendant près d’une décennie le comité patronal de négociation des commissions scolaires francophones, elle détonne.

À la barre de la Fédération des cégeps depuis le printemps, Bernard Tremblay est néanmoins catégorique : après des compressions de 155 millions au cours des cinq dernières d’années, les cégeps n’en peuvent tout simplement plus. Et les positions adoptées par le gouvernement Couillard au cours des derniers mois n’ont rien pour le rassurer quant à la suite des choses.

« On hausse le ton pour que le ministre Blais comprenne qu’il se passe quelque chose, [même si] on sait très bien que pour les choix budgétaires au gouvernement du Québec, ce n’est pas François Blais qui est aux commandes. C’est un signal de détresse. Notre façon de travailler, le plus possible, c’est en collaboration avec le gouvernement. Mais là, il faut alarmer la population », dit-il, d’autant pus que « tout laisse présager que d’autres compressions auront lieu », selon lui.

Alors qu’il leur est formellement interdit de le faire, au moins le quart des 48 cégeps — probablement beaucoup plus — s’apprêtent à présenter à Québec des prévisions budgétaires déficitaires pour l’année scolaire 2015-2016.

Malgré l’objectif de l’atteinte de l’équilibre budgétaire fixé par le gouvernement Couillard, les 48 composantes du réseau collégial demandent un réinvestissement immédiat en éducation, avant que ne soit affectée plus lourdement l’offre de services et de programmes aux étudiants. « Quand on attaque le soutien aux élèves, aux enseignants… quand on réduit des services de base comme la bibliothèque, les activités sportives. Quand en plus on augmente les frais… On est en train de toucher le coeur même de la mission des cégeps » avec ce courant de compressions budgétaires, explique le dirigeant.

Depuis quelques années, les cégeps se démènent pour s’arrimer aux volontés du gouvernement, par exemple afin d’adapter les formations offertes aux demandes du marché de l’emploi. Cette adéquation formation-emploi constitue d’ailleurs l’une des priorités de la Fédération cette année. Ironie du sort : les services devant permettre d’accroître cette collaboration avec le marché du travail tant souhaitée par le gouvernement ont fondu comme neige au soleil au cours des dernières années. « La main droite met à terre des services qui fonctionnent, et la main gauche demande précisément ces services », expose M. Tremblay.


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