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Un luthier propulsé par la passion


Publié le 26 août 2015  sur le Journal de Lévis --- Il y a ceux qui choisissent un métier pour son salaire et il y a en a d'autres qui le font par pure passion. Le luthier lévisien Antoine Lacasse fait définitivement partie du deuxième groupe. Tout juste diplômé du Cégep du Vieux Montréal, il revient de la métropole avec un prix d'excellence et des projets plein la tête. Portrait d'un métier atypique.

Par raphaellavoie@journaldelevis.com

Construire une guitare de A à Z demande une quantité impressionnante de patience. Pendant plus de 140 heures, on y travaille d'arrache-pied. Il faut déterminer la sonorité que l'on désire, choisir le bois en conséquence, dessiner un plan, tailler, plier, assembler les pièces et s'assurer que la finition fasse honneur à tous les efforts déployés.

Au-delà des heures investies, construire une guitare demande de la dévotion. Mais pour en faire son métier, il faut encore plus. Ça prend de la passion et de l'audace. Même qu'avec un taux de placement excessivement bas, une précarité menaçante et un salaire souvent incertain, ça prend une certaine dose de folie.

Heureusement, la passion, l'audace et le soupçon de folie ne sont pas un problème pour Antoine Lacasse. Et cette dévotion pour la musique, en particulier pour la guitare, le lévisien l'a depuis son plus jeune âge.

En ce sens, sa vie a longtemps été menée par sa passion pour la guitare. Il commence à en jouer à neuf ans et quelques années plus tard, il commence à restaurer un instrument avec son père, avec qui il travaille le bois également. À sa sortie de l'école secondaire, il contemple le programme de lutherie avec intérêt, mais est initialement découragé par les perspectives d'emploi.

Toutefois, après quelques années à se questionner sur son avenir au cégep, il décide de tout lâcher et de s'exiler à Montréal pour trois ans et finalement poursuivre son rêve de devenir luthier. Inscrit au Cégep du Vieux Montréal au programme de lutherie-guitare, il apprend alors les rudiments du métier, comme le design d'un instrument, les propriétés des différents bois, ainsi que plusieurs notions d'acoustique.

Alors que plusieurs de ses collègues se désistent et quittent tout au long de l'exigeant programme, Antoine, lui, tient bon et fait même honneur à sa passion pour la guitare en décrochant un prix d'excellence à la fin de ses études pour la construction d'une guitare classique.

De retour à Lévis depuis le début de l'été, le plus grand défi s'amorce désormais pour le jeune luthier : celui de démarrer sa carrière.

Non seulement il devra jouer du coude avec les autres luthiers professionnels québécois, mais également avec les grandes marques canadiennes et américaines bien connues des guitaristes. Cela dit, la compétition ne l'effraie pas.

Le plus difficile sera certes de se faire connaître, mais en mettant les bons produits entre les mains des bonnes personnes, Antoine espère que le bouche-à-oreille fera son effet.

«Je veux aller dans les conservatoires présenter ce que je fais, présenter des guitares faites à partir de bois locaux pour montrer que c'est possible et que ça sonne. […] C'est aussi d'aller voir des guitaristes acoustiques qui viennent jouer ici, traîner une de mes guitares et leur faire essayer», explique le luthier.

Après avoir construit une guitare, le Lévisien poursuivra donc son travail de moine en tentant de convaincre les musiciens un à un de choisir ses instruments, dont la fabrication relève davantage de l'art que de la simple manufacture.

Ce qui explique bien qu'en tant qu'artiste, Antoine est prêt à se battre jusqu'au bout pour vivre de ce qui le passionne.

«C'est la passion qui fait que je continue dans la lutherie. C'est un peu comme un musicien : il le sait qu'il n'a pratiquement pas de chance. C'est le talent et les efforts mis à son autopromotion qui fait qu'il peut réussir», conclut-il avec détermination.