Nouvelles

Conflit étudiant ; Une promesse libérale de 25 millions pour le PQ

Le 19 septembre 2012- LaPresse.ca- Pascale Breton - La Presse

Jean Beauchesne, président et directeur général de la Fédération des cégeps, affirme que le conflit étudiant aura des répercussions jusqu'au trimestre d'automne 2013. (Photo: Édouard Plante-Fréchette, La Presse)

À peine nommé, le nouveau ministre de l'Éducation risque d'être interpellé dans le dossier de la grève étudiante afin d'honorer la promesse verbale de son prédécesseur d'éponger une facture de 25 millions dans les collèges.

L'entente tacite a été conclue avec l'ancienne ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, juste avant les élections. Elle n'a toutefois pas été entérinée par le gouvernement, s'inquiète Jean Beauchesne, président et directeur général de la Fédération des cégeps. «C'est extrêmement préoccupant», a-t-il expliqué lors d'une entrevue avec la table éditoriale de La Presse.

Les collèges doivent absorber des dépenses imprévues de 25 millions en ressources humaines, ainsi qu'une facture de 2 millions liée à la sécurité et aux pertes de revenus des établissements pendant la grève.

«On n'est pas capables d'assumer cela, sinon on va directement dans les services directs aux étudiants. Il n'y a aucune marge», a indiqué

M. Beauchesne. Il souhaite que le nouveau gouvernement maintienne la décision.

Au plus fort des perturbations étudiantes, qui ont commencé en février, 25 des 48 collèges ont été touchés. Du nombre, 14 doivent terminer le trimestre d'hiver avant le 28 septembre.

Le calendrier compressé rend la tâche difficile aux cégépiens, surtout ceux qui connaissaient déjà des difficultés, affirme M. Beauchesne, qui estime leur proportion à 10%. «C'est là que l'ajout des ressources a été négocié, on veut les mettre au service de ces étudiants.»

La rentrée ne s'est pas faite sans heurts entre les carrés verts et les carrés rouges, reconnaît-il. Mais tout est rentré dans l'ordre. Même chose du côté des professeurs, dont certains ont été proactifs pendant la grève en manifestant aux côtés des élèves.

Les traces vont demeurer longtemps. «On a des répercussions dans nos cégeps jusqu'à la session d'automne 2013. La grève a occasionné une année de perturbations», rappelle M. Beauchesne.

Pour la rentrée d'automne, les collèges et les universités ont réussi, souvent au cas par cas, à faire en sorte que chaque diplômé du collégial puisse commencer ses études universitaires comme prévu. Il reste à faire le même travail pour ceux qui doivent commencer l'université au trimestre d'hiver 2013.

Un certain nombre de cégépiens, peut-être de 2500 à 3500, ont aussi abandonné leurs cours. Les collèges espèrent les ramener sur les bancs d'école pour le trimestre d'automne.

La majorité de ces cégépiens ont probablement choisi de travailler à temps plein, croit M. Beauchesne. «C'est catastrophique pour l'avenir du Québec quand on a des étudiants qui ont le potentiel et qui décident de ne pas poursuivre leurs études.»

Des activités d'accueil et d'intégration sont aussi organisées pour les élèves qui arrivent du secondaire et qui commenceront leur trimestre seulement à la mi-octobre.

Des priorités pour l'année à venir

Avec 79 443 cégépiens attendus au trimestre d'automne, les collèges connaissent une légère hausse de 0,7% des inscriptions par rapport aux prévisions. Au cours des 10 prochaines années, c'est toutefois une baisse importante de 25 000 élèves - sur les 175 000 actuellement - qui les attend.

«C'est majeur», dit M. Beauchesne. Les cégeps situés en régions éloignées risquent d'être les plus touchés. La Fédération des cégeps propose de revoir les modèles pour encourager les étudiants étrangers à s'y installer et pour y mettre en place des programmes exclusifs.

«Si on ne change pas de modèle, pour six ou sept collèges, on s'en va dans le mur. Il n'y a plus les masses critiques pour offrir un service de qualité.»

Avec l'arrivée d'un gouvernement péquiste qui souhaite étendre la loi 101 dans les collèges, la question de la langue revient également au premier plan. «Nous allons nous y opposer», affirme

M. Beauchesne. Il indique que 13 000 élèves francophones et allophones sont inscrits dans les cégeps anglophones, un nombre stable depuis une dizaine d'années.