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Bouchées doubles pour les cégeps

18 août 2012- Le Devoir.com- Caroline Rodgers ---Pendant que les étudiants du collégial concernés par la grève printanière se prononçaient pour ou contre un retour en classe cette semaine, les 14 cégeps touchés se préparaient à une rentrée scolaire et à un automne sur un mode intensif jamais vécu auparavant. Deux sessions compressées où les jours de classe allongés et les travaux supplémentaires seront de mise pour environ 40 000 étudiants.

Selon le régime d’études collégiales, une session normale compte quinze semaines d’activités pédagogiques, ce qui inclut les cours, les travaux personnels et les travaux pratiques. Pour être valide selon les dispositions de la loi 78, la session doit avoir un minimum de douze semaines.

« En considérant les semaines déjà complétées dans les collèges avant le début de la grève, nous allons atteindre ces douze semaines pour la session d’hiver 2012 en ajoutant cette période de récupération qui s’étendra jusqu’à la fin de septembre, explique Jean Beauchesne, président-directeur général de la Fédération des cégeps. Pour y arriver, des journées plus longues et davantage de travaux personnels pour les étudiants sont prévus, ainsi que des activités additionnelles d’apprentissage concret de type laboratoire. Dans certains collèges, des samedis de cours sont également prévus au calendrier. Les modalités varient d’un cégep à l’autre. »

La session de récupération, ayant commencé cette semaine, se terminera à la fin de septembre, sans semaine de lecture. Au début d’octobre, ce sera le début de la session d’automne, dont le calendrier débordera jusqu’en janvier, ce qui décalera le début de la prochaine session d’hiver. « Nous allons nous rapprocher davantage de quinze semaines pour la session d’automne, mais en continuant à avoir des mesures de journées allongées », ajoute M. Beauchesne.

Le 7 août dernier, une entente de principe a été conclue par le Comité patronal de négociation des collèges (CPNC) et la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) pour l’embauche de l’équivalent de 180 enseignants supplémentaires, question de s’assurer que la qualité de l’apprentissage soit la même que pendant une session normale. Chaque collège déterminera les modalités de redistribution des ressources en accord avec son syndicat, et les formules utilisées pourront varier en fonction des besoins, explique M. Beauchesne.

« Cela peut prendre la forme d’un encadrement individualisé pour aider les étudiants dont le cheminement scolaire est plus difficile et qui, on ne se le cache pas, auront une pression additionnelle, dit-il. Mais cela peut aussi vouloir dire des groupes moins nombreux. »

Micheline Thibodeau, vice-présidente de la FNEEQ-CSN, s’est dite satisfaite de l’entente. « Les conditions d’enseignement et d’apprentissage ne seront pas idéales, mais l’entente va aider à être moins stressé en ce qui concerne la rentrée, car nous disposerons de ressources suffisantes pour permettre l’encadrement adéquat des étudiants, dit-elle. Une des grandes inquiétudes des professeurs concerne les nouveaux étudiants qui arrivent du secondaire, car ce sont eux qui ont le taux d’abandon le plus élevé. Ils ont une grande adaptation à vivre en arrivant au cégep et, cette fois-ci, ils devront le faire dans une session intensive. Il faudra bien les soutenir pour qu’ils commencent du bon pied. »

Car tous devront mettre les bouchées doubles : professeurs, étudiants et même le personnel de soutien. « Il n’y a pas de solution de rechange, dit Jean Beauchesne. Il n’y a pas de possibilité de report, c’est la dernière chance. Si les étudiants veulent achever une session afin de ne pas nuire à moyen terme à leur cheminement pour terminer une technique ou aller à l’université par la suite, c’est maintenant que ça se passe, autrement, on devra annuler la session. On partage certaines inquiétudes, mais, si tout le monde met la main à la pâte, ce nesera pas parfait, mais on va y arriver. »

Éliane Laberge, présidente de la FECQ, déplore que la décision du gouvernement de débloquer 18,3 millions pour l’embauche de nouveaux enseignants soit survenue aussi tard. « Nous sommes restés dans l’incertitude pendant tout l’été, comme si ce gouvernement n’accordait pas suffisamment d’importance à la rentrée scolaire et à la bonne reprise des cours, et, à notre avis, cela est dû au fait que ces étudiants ont une opinion politique différente, dit-elle. Ils ont pris des décisions politiques et fait des sacrifices pour s’opposer à la hausse des droits de scolarité. Nous sommes contents qu’on en soit enfin arrivé à une entente, mais nous nous attendons à ce que cela soit extrêmement difficile pour les étudiants d’abattre beaucoup de travail en très peu de temps. On invite les administrations des collèges à augmenter les services aux étudiants, comme les heures de garderie et les services en psychologie, pour s’assurer que la reprise se fasse le mieux possible. »