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Abandon du projet Dawson - Une décision malavisée et à déplorer

Lettre d'opinion - Richard Filion Ex-directeur général, collège Dawson - Publiée par La Presse+

5 février 2022 - Nous y voici. À la suite de l'intense croisade médiatique et politique à l'endroit du projet immobilier de l'agrandissement du collège Dawson, le gouvernement fait volte-face et cède sous la pression : le projet autrefois priorisé est mis au rancart. Alors que le besoin est largement documenté et établi selon les normes ministérielles en matière d'allocation d'espaces pour les cégeps du Québec, il appert qu'il y aura dorénavant deux catégories de collèges publics : ceux pour qui les normes s'appliquent, et ceux pour qui ces normes sont vaines. Autrement dit, les cégeps ayant le malheur de dispenser de l'enseignement en anglais seront traités différemment des autres, et de facto deviendront des établissements de second ordre. Une décision malavisée à maints égards.

Anguille sous roche

L'argument utilisé par le premier ministre pour expliquer cette décision est bancal : il faut donner priorité aux étudiants francophones et, par conséquent, financer d'abord les projets d'infrastructures des cégeps francophones. Pourtant, c'est le gouvernement lui-même qui détermine le nombre d'étudiants pouvant fréquenter tel ou tel établissement. C'est ce qu'on appelle dans le jargon le « devis pédagogique ». Dans le cas du collège Dawson, ce contingent se situe actuellement à quelque 7900 étudiants. Et il arrive que ce nombre génère des besoins en espace de quelque 11 000 mètres carrés additionnels par rapport aux espaces actuellement dévolus au collège.

Veut-on priver les étudiants de Dawson de ce à quoi ils ont droit, et ce, en vertu même des paramètres mis en place par le gouvernement ? Poser la question, c'est y répondre.

Mais il y a anguille sous roche ! En prenant cette décision, le gouvernement fait le pari, conscient ou non, qu'à terme, le plafonnement imposé par la future loi 96 fera son oeuvre d'attrition, et que bientôt il n'y aura que les soi-disant étudiants anglophones - les ayant-droits, selon le terme des technocrates - qui accéderont aux cégeps anglophones. Car, c'est entendu, ces établissements sont là d'abord et avant tout pour servir la communauté anglophone ! Funeste erreur.

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