Articles

Redonner des lieux de réflexion


Hélène David, Ministre de l’Enseignement supérieur

Je suis arrivée en poste en tant que ministre de l’Enseignement supérieur le 22 février dernier. Dès les premiers jours, voire les premières heures, j’ai pris contact avec les associations étudiantes ainsi qu’avec les responsables des réseaux collégial et universitaire.

Ma priorité étant d’aller à la rencontre de tous ceux qui travaillent et étudient dans les réseaux, j’ai visité jusqu’à maintenant la moitié des cégeps et des universités du Québec. C’est d’ailleurs en rencontrant ces groupes que nous avons pu définir les contours du réinvestissement dédié à l’enseignement supérieur au cours des trois prochaines années.

À chacune de mes visites dans les collèges et dans les universités, j’ai rencontré des étudiants, des membres du personnel de soutien, des représentants syndicaux, des enseignants et des membres de la direction, et parfois même des membres des conseils d’administration.

Que l’on me parle du soutien aux étudiants avec des besoins particuliers, ou celui pour les étudiants autochtones, de l’enjeu de la baisse d’effectifs étudiants, de la révision des modes de financement, des enjeux de travail ou des besoins d’espace, tous ces défis m’interpellent.

L’enseignement supérieur est essentiel au développement du Québec. Nous le savons tous. Nous avons deux réseaux performants et complémentaires. Les deux doivent conserver leur mission et leur statut respectifs. L’architecture de l’enseignement supérieur a fait ses preuves depuis 50 ans de façon très convaincante.

Cependant, pour maintenir nos réseaux à la hauteur de nos aspirations collectives, et pour redonner aux communautés collégiales et universitaires des lieux de réflexion, de partage et d’évaluation des formations, je propose, tel que le recommandait le rapport de M. Claude Corbo en 2013, la création non seulement du Conseil des universités du Québec, mais aussi du Conseil des collèges du Québec.

Ces conseils seraient majoritairement composés d’enseignants, d’étudiants et de membres du personnel, en plus de membres de la société civile.

Une commission mixte de l’enseignement supérieur serait aussi créée, sous l’autorité des deux conseils. Ces derniers auraient évidemment à dialoguer avec le Conseil supérieur de l’éducation, mais rappelons-nous qu’entre 1979 et 1993, il y a eu coexistence de ces instances, le Conseil supérieur de l’éducation préservant son mandat large et systémique d’analyse du système d’éducation au Québec.

OFFRE DE FORMATION COLLÉGIALE

Par ailleurs, à la suite du Sommet de 2013 sur l’enseignement supérieur, un mandat d’analyser l’offre de formation collégiale a été confié à M. Guy Demers. Avant de procéder à la mise en œuvre de certaines des recommandations formulées dans ce rapport, ou d’autres qui ont été émises depuis, je considère qu’il est essentiel de consulter la communauté collégiale ainsi que tous ceux et celles qui se sentent interpellés par cette démarche.

Le Règlement sur le régime d’études collégiales balise plusieurs aspects de la gouvernance pédagogique, et de nombreuses modifications y ont été apportées depuis la création des cégeps il y a 50 ans.

En ce qui a trait à la formation technique, un des enjeux importants est de maintenir un équilibre nécessaire entre, d’une part, l’accessibilité à certains programmes courts, tant pour répondre à des besoins spécifiques du marché du travail ou pour permettre l’accès aux études collégiales à des clientèles particulières, et, d’autre part, de valoriser les programmes de DEC techniques qui développent des compétences, des habiletés et des savoirs de haut niveau pour satisfaire aux exigences de plus en plus spécialisées des différentes professions.

Mais au-delà de la réflexion concernant certaines modifications proposées à ce règlement, plusieurs personnes m’ont fait part de leurs inquiétudes quant à la disparition de la formation générale dans les DEC techniques ou celle de l’épreuve uniforme de français. À chaque occasion, j’ai répondu et je le répète encore : la formation générale et l’épreuve uniforme de français seront maintenues comme exigences d’obtention d’un DEC, quel qu’il soit, y compris dans un éventuel DEC par cumul d’AEC.

La formation générale est une valeur qui a accompagné les collèges depuis 50 ans et à laquelle je souscris sans hésitation. La formation générale permet aux étudiants d’acquérir les bases de réflexion qui leur serviront tout au long de leur vie. Quant à l’épreuve uniforme de français, elle doit demeurer, car elle est garante de notre identité et de la qualité de notre langue française.

CÉGEPS ET UNIVERSITÉS EN RÉGION

J’aimerais partager avec vous une dernière considération, soit celle de l’importance de nos cégeps et de nos universités en région. Ces établissements participent à la vitalité de leur communauté, tant sur les plans culturel et social qu’économique. L’accessibilité de l’enseignement supérieur doit être protégée dans toutes les régions du Québec. Nous ne devons ménager aucun effort pour que les jeunes étudient dans leur région et pour attirer les étudiants des grandes villes du Québec.

Nous venons d’ailleurs d’annoncer un programme de 1,5 million de dollars pour encourager les étudiants des grands centres du Québec à fréquenter les cégeps les plus vulnérables à la baisse démographique. Nous devons aussi mieux soutenir les activités de promotion et de recrutement d’étudiants internationaux. Nos offres de formation sont exceptionnelles, il faut le faire savoir !

Comme vous le constatez, plusieurs défis nous attendent en ce début d’année 2016-2017. Je vous invite à participer aux consultations qui débutent maintenant. Je vous invite aussi à me faire part de vos commentaires, de vos suggestions et de votre vision pour mieux servir nos collèges et nos universités.

Texte publié par La Presse+, le 9 septembre 2016 -